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les éoliennes la presse et nous

Eoliennes, politiques et promoteurs, une autre information

Des parlementaire au chevet de l'écologie?

Publié le 25 Août 2014 par Eoliennes, une autre information

Tribune du 21 août 2014, Journal du Jura à lire en pce jointe

Selon MM Gschwind et Von Kaenel notre salut en matière de production d’électricité viendra de notre capacité à abandonner à l’industrie électrique nos espaces naturels. Leurs scénarios cependant pour y parvenir restent flous : Combien d’installations ? À quel prix ? Qui paiera et comment? Pour quelle production exactement ? Avec quelle garantie d’une diminution de l’utilisation des énergies fossiles ? Leur argument principal est de garantir l’autonomie énergétique des régions. Or, Swissgrid négocie actuellement avec l’Europe la libéralisation du marché de l’électricité et prévoit, je cite, qu’à terme « tous les clients finaux suisses pourront choisir leur fournisseur d’électricité »*. Cela change considérablement les règles du jeu et devrait être mentionné dans les scénarios que l’on nous propose avant de saccager nos régions.

En évitant une planification nationale transparente, en marginalisant l’opposition et en niant les problèmes posés par l’accroissement de l’industrialisation de notre environnement, jusque dans ses lieux protégés, la transition énergétique ne sera rien d’autre qu'un projet économique dévastateur qui ne changera rien à la face du monde qu’elle prétend améliorer. Tout cela parce que beaucoup refusent d’admettre que « vert » ne veut pas dire « sans conséquence » et ne cherchent pas à défendre l’idée d’un projet durable crédible et respectueux. Ils semblent plutôt préparer le terrain de la libéralisation du marché de l’électricité en ouvrant de nouvelles sources de production destinées à l’Europe qui de plus serviront à justifier l’extension du réseau à très haute tension, élément clé de cette libéralisation.*

Tribune de presse
19 août 2014
Energie : situation périlleuse
Dans un avenir proche, nous serons confrontés à des problématiques très
concrètes dans le domaine de l’énergie. Tout semble pourtant aller tellement
bien aujourd’hui ! L’électricité n’est pas onéreuse, le pétrole coule à flots, le gaz
naturel nous arrive régulièrement et nous bâtissons des projets ambitieux liés
aux énergies renouvelables. Tableau idyllique pour ceux qui regardent
superficiellement, mais bilan mitigé voire réalité périlleux pour qui prend la
peine d’analyser la situation: le pétrole nous arrive de régions en crise, une
partie du gaz naturel de Russie, et notre électricité est produite à 60% dans
des centrales nucléaires qui éteindront bientôt leurs réacteurs (Mühleberg en
2019).
Le prix de l’électricité est composé de nombreux éléments mais seul le résultat
final compte. Or que constatons-nous ? Le Canton du Jura se situe dans la
catégorie des cantons les plus chers et le Jura bernois dans le deuxième groupe
d’un classement qui en compte cinq. La faiblesse des productions locales et les
coûts du transport depuis les centrales extérieures expliquent en grande partie
le tarif élevé du courant dans nos régions. Il faut donc gagner en autonomie
pour préparer l’avenir et aménager des productions locales d’électricité.
La planification énergétique du canton de Berne prévoit déjà de telles
productions régionales et le Canton du Jura a décidé de mettre clairement la
priorité sur les énergies locales renouvelables. La stratégie jurassienne 2035 a
fait l’objet de larges consultations; un groupe d’accompagnement s’est réuni à
plusieurs reprises pour traiter ce thème. Mais que constate-t-on dans le
terrain dans la perspective de la publication de la stratégie? Plutôt que d’entrer
en dialogue et de contribuer à l’effort commun, de nombreux groupes
fourbissent leurs armes et préparent des campagnes de refus sectoriels et
égoïstes sans tenir compte de la nécessité urgente d’envisager la pluralité des
sources d’énergie.
Le hiatus le plus éclatant se trouve dans l’énergie éolienne. Si tout le monde
connaît l’expérience malheureuse de Saint-Brais, l’éolien n’en demeure pas
moins la source actuellement la plus puissante et la moins onéreuse après la
force hydraulique. Elle peut être parfaitement acceptée par la population. La
réussite du site de Mont-Crosin et Mont-Soleil en est une preuve éclatante. Les
éoliennes deviennent incontournables et il s’agira pour le canton du Jura de les
implanter intelligemment. Il est curieux de constater que le Parc naturel
régional du Chasseral considère l’éolien en tant qu’élément essentiel de
l’autonomie énergétique tandis que son voisin, le Parc naturel régional du
Doubs, veut exclure toute nouvelle construction de son territoire. Les
arguments émotionnels contre les éoliennes ont pris une telle ampleur que
la raison parvient difficilement à refaire surface et trouver le juste milieu.
Dans certaines assemblées franc-montagnardes, des personnes opposées
aux éoliennes se livrent à une « chasse aux sorcières » et posent la question
de la position des candidats face à l’éolien avant de les élire dans les
comités. A Tramelan aussi, le ton a changé face au projet éolien communal;
les arguments échangés initialement sont attaqués par des considérations
purement émotionnelles. Pourtant, à part quelques propriétaires (qui
seraient dédommagés), les Tramelots ont intérêt à la construction du parc
éolien.
Dans le domaine des énergies renouvelables produites en ruban 24h sur 24,
quelle que soit la météo, la géothermie a longtemps figuré en tête des
espoirs. Mais comme pour l’éolien, le géothermique doit faire face à des
peurs latentes. Dans les arguments contraires, on cite toujours les exemples
de Bâle et Saint-Gall qui ne sont pourtant en rien comparables au projet de
Glovelier. Mais on se garde bien de citer les dizaines de centrales qui
fonctionnent parfaitement en Allemagne et parfois jusque dans des
quartiers de grandes villes comme Munich.
La mini-hydraulique (petites centrales sur les rivières) fait elle aussi l’objet
de polémiques paralysantes. Or, on peut résoudre les problèmes lorsque le
dialogue et la volonté l’emportent, comme à Saint-Ursanne par exemple.
L’eau est une source permanente d’électricité car au contraire de l’éolien et
du solaire, elle ne dépend ni du vent ni du soleil. C’est un fait ! Or nous avons
besoin d’électricité tous les jours, à toutes les heures et sans coupures pour
assurer un développement économique durable et pour garantir
l’approvisionnement des hôpitaux, des écoles, des institutions et des
ménages. Question cruciale : priorité aux humains ou aux poissons ?
Aujourd’hui, on peut dire en restant politiquement correct que les hommes
ET les poissons peuvent trouver leur compte grâce à l’aménagement de
passes idoines favorisant le transit des poissons. Le potentiel de nos rivières
est loin d’être épuisé.
Le biogaz fonctionne bien en Ajoie (trois centrales), pas du tout dans le Jura
bernois et les Franches-Montagnes tandis que quelques projets avancent
lentement dans la région de Delémont. Cette énergie n’est pas contestée
mais comme tous les autres projets, elle provoque le parcours du
combattant pour passer les obstacles administratifs et financiers. Pourtant,
le biogaz ne présente que des avantages : utilisation des déchets paysans et
des déchets verts des habitants, production d’électricité régionale et source
de chaleur. Ici également, le potentiel existe.
Dans le domaine de l’énergie du bois, l’Ajoie figure encore en tête du
classement régional avec une des plus importantes centrales thermiques
suisses à Porrentruy et une unité de production de pellets à Vendlincourt.
La centrale de Porrentruy produit actuellement une chaleur équivalant à 3,5
millions de litres de pétrole chaque année. Une seconde installation est en
cours de construction. Citons encore une fois la commune de Tramelan qui
dans ce domaine également a investi : elle exploite le 100% de ses forêts et
chauffe plusieurs bâtiments du village. De nombreuses localités pourraient
s’inspirer de ces exemples.
Enfin le solaire photovoltaïque. Il reste très cher à produire hors
subventions. Politiquement, c’est l’énergie la plus convenable si on oublie
les prix, les conditions de la fabrication des panneaux en Chine (les plus
utilisés) et les coûts du transport. La résistance étant faible contre le
solaire, les autorités de nombreuses communes se sont lancées. Si cet effort
doit être poursuivi, il ne doit pas servir de prétexte à l’inactivité dans les
autres domaines renouvelables.
Par définition, le gaz naturel n’appartient pas aux énergies renouvelables. Il
s’agit d’une énergie fossile qui produit du CO2, en quantité certes bien plus
faible que le pétrole. Mais le gaz naturel peut nous être utile pendant
plusieurs générations en tant que source d’énergie additionnelle. Mieux
encore, il peut être enrichi de gaz renouvelable local (biogaz, méthanisation
du bois, excédents du solaire et de l’éolien). L’agglomération de Delémont
est bien équipée ainsi que certains bâtiments à Boncourt. Des dizaines de
millions de francs ont été investis dans le gaz naturel. Il s’agit d’une carte
importante des enjeux énergétiques actuels et elle ne doit pas être négligée
au profit du tout-renouvelable. On pourrait même imaginer une centrale
régionale de production d’électricité par gaz naturel.
Deux conclusions à cette tribune. Premièrement, nos régions jurassiennes
regorgent de sources d’énergie potentielles. Utilisons-les toutes ! Dernier
bon exemple en date : le projet de la Société Mont-Soleil (BKW-FMB) pour
donner au solaire des chances supplémentaires en termes de
transformation, de prévisions, de transports et surtout de stockage.
Deuxièmement : pour garantir l’approvisionnement à un prix compétitif, il
faudra faire preuve de solidarité et laisser tomber les intérêts sectoriels.
Que ce soit dans l’éolien ou dans le géothermique, il s’agira d’aller de l’avant
en convaincant la population du bien-fondé de toutes les sources d’énergie.
C’est exclu, diront certains ! Les Neuchâtelois ont pourtant montré le 18 mai
à une large majorité qu’il est possible de s’entendre sur des enjeux aussi
délicats que la planification éolienne.


Walter von Kaenel, Saint-Imier
Jean-Paul Gschwind, Courchavon
Co-présidents de l’Association pour l’énergie de la République et Canton du
Jura et du Jura bernois
www.ener-j.ch

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